Une remarque qu’on me fait tout le temps : « c’est bien joli toutes tes photos d’intérieurs décorés, mais dans la vraie vie, je n’ai ni le budget ni les compétences pour copier une pièce de designer ».

Pour le budget, je ne peux rien faire, mais pour les compétences, c’est plus facile. Voici donc trois astuces pour reproduire une photo de magazine dans votre intérieur.



Tout d’abord, il faut déterminer ce qui vous plaît dans la photo. Ce peuvent être trois choses: un élément en particulier, une ambiance de couleurs ou une disposition.

Un élément en particulier vous plaît dans la photo

Prenons par exemple, la cuisine ci-dessous:

The lettered cottage

Si ce qui vous plaît est la porte peinte, peu importe la palette qui l’entoure, vous notez quelque part « porte à peindre », et vous faites un aller-retour dans un magasin de bricolage pour acheter une sous-couche bois, du papier de verre pour poncer, un pot de peinture de couleur vive et des pinceaux. Ce genre de photo vous donne des astuces pour égayer votre maison par des touches de couleurs dans des endroits inhabituels.

Souvent, c’est plus ce genre de détail qui fait une photo que l’ambiance générale. Entraînez-vous à trouver ce qui vous plaît dans la photo - ce n’est pas forcément l’ensemble, mais une lampe, un tableau ou une couleur.

La palette de couleurs vous plaît

Vous pouvez aussi être attiré par la palette de couleur d’un intérieur, sans forcément vous concentrer sur le mobilier. Prenons par exemple cette photo qui a fait le tour du web:

Abigail Ahern

La photo comporte trois tons bien distincts: le gris anthracite du fond, le moutarde du tableau et des lampes, et le rose fluo de la table basse. Rien de plus facile que de reproduire cette palette ! (ah, on me fait signe qu’il faut aussi une confiance absolue en soi que personnellement je n’ai pas… c’est dans quel magasin qu’on trouve ça déjà ?)

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L’important dans ce cas est de bien reproduire les proportions de chaque couleur. On aurait tout à fait pu passer la table basse en jaune et le tableau en rose fluo, parce que leur importance est assez similaire; en revanche, un canapé rose fluo aurait déséquilibré la pièce en prenant trop de place visuelle.

Ca marche aussi avec des intérieurs prévus pour des humains, j’avais juste envie de prendre une image complètement délirante pour changer un peu.

Dans ce cas, tout est une question d’équilibrage visuel, pour que les couleurs accent prennent bien l’importance qu’elle méritent, et que le fond soit homogène mais comporte suffisamment de texture.

Une disposition d’objets ou de meubles vous intrigue

Enfin, dans le cas d’une vignette, vous pouvez aimer la manière dont les objets sont disposés et équilibrés entre eux.

Prenons par exemple cette ravissante table de nuit.

Crab + Fish

Si on la décompose, on voit:

En clair:
- Un élément haut, la lampe, qui occupe l’espace vertical
- Deux éléments rectangulaires, les livres sur lesquels repose la lampe et le tableau au fond, qui permettent d’ancrer la décoration et de la rendre plus intentionnelle.
- Deux éléments ronds: le pied de la lampe et la coupelle, qui apportent un peu de douceur et, dans le cas de la coupelle de la transparence
- Des fleurs pour le côté organique
- La table basse dorée fournit un élément réfléchissant qui donne de la profondeur à la pièce, profondeur qui est renforcée par le fait que le tableau soit derrière la lampe et le vase (un conseil à moi: n’hésitez pas à superposer les objets pour donner de la profondeur).

Une fois décomposée la décoration, rien de plus facile que de la reproduire. On cherchera ainsi:
- Une lampe haute
- Un élément transparent
- Un élément réfléchissant, doré ou miroir
- Deux éléments ronds
- Un petit tableau carré à poser
- Un vase avec des fleurs

Tous ces éléments sont interchangeables; ainsi, si vous trouvez une lampe au pied rond en verre mercurisé (donc réfléchissant), vous cochez à la fois la lampe, un élément rond et l’élément réfléchissant sur votre liste. Le vase est transparent ? C’est parfait, voilà votre élément transparent.



Au bout d’un moment, j’imagine que tout devient automatique, et que l’oeil entraîné voit les couleurs, les textures et les formes sans avoir besoin d’une image de départ comme inspiration. En ce qui me concerne, j’avoue toujours me servir de cette béquille, ne serait-ce que parce que ça me donne un prétexte pour chercher encore plus d’inspiration sur internet !

Le week-end dernier, j’ai fait les greniers. Pas les greniers des vide-greniers où j’arrive toujours après tout le monde, sauf quand il pleut ou que je fais la vente (et que donc je dois me lever tôt, l’angoisse de mon existence), mais les greniers de ma grand-mère. Dans les sous-pentes trop basses et mal éclairées, en me cognant dans les poutres et en poussant des hurlements de joie, j’ai trouvé de telles merveilles qu’aujourd’hui, alors que ça fait tout de même trois jours bien tassés dont un passé à déménager et un sur la route, je suis encore complètement euphorique.

Honnêtement, je ne m’y attendais pas. Je connais la maison de ma grand-mère, ses tapis pseudo-persans qui ne me plaisent pas, les assiettes de décoration posées un peu partout, les meubles en bois sombre aux décorations beaucoup trop lourdes. et les surfaces couvertes de napperons et de petits bibelots. La maison de grand-mère classique, qui rassemble plus de cinquante ans de souvenirs de voyage et d’achats divers, à son goût mais clairement pas trop au mien. Je m’attendais à prendre l’armoire et la commode qu’elle a offertes à ma fille, et à partir avec un ou deux bibelots sentimentaux, comme une croûte peinte par mon grand-père (j’en avais parlé ici). C’est tout.

Et pourtant, dans les greniers, j’ai découvert tout ce qu’elle n’aime pas, les meubles de la génération de ses parents, et j’ai passé trois heures à m’extasier en dépit de son incompréhension totale. Jugez plutôt. Au fond d’un petit grenier de côté, nous tombons sur ça.

Il s’agit d’un meuble gramophone datant de la jeunesse de mon arrière-grand-mère. Il n’est pas très impressionnant, mais rappelez-vous que j’habite une maison typique du Nord, très étroite, dans laquelle les gros meubles n’ont pas leur place. Et cette couleur ! « Tu vas le repeindre, hein ? » Nooooon ! Je le laisse tel quel, avec sa patine fabuleuse et son noir mat.

… oui, je vais suivre mes propres bons conseils et faire un salon dans les noirs, blancs, bois et cuivre, avec comme couleur d’accentuation turquoise et/ou moutarde. Imaginez mon bonheur de tomber sur un meuble parfaitement à la taille de ma maison, et en plus dans la bonne couleur ! Ca fait plusieurs mois que je me suis décidée.

… et ensuite, en ouvrant une vieille malle de voyage, je trouve ça.

Qui parlait de noir, blanc (d’accord, blanc très cassé) et cuivre ? Pire, j’en sors finalement deux, dont un deuxième tellement immense que je n’ai pas réussi à le prendre en photo. Il s’agit de couvertures rapportées d’un voyage, sans doute au Mali, dans les années 70. Ma grand-mère ne s’en souvenait même plus et croyait les avoir jetées, parce que ça ne sert à rien et que c’est typique, mais ça ne va pas chez elle. Moi, j’ai trouvé deux tapis tellement parfaits que j’en ai encore des frissons dans le dos !

Enfin, dans une autre malle remplie de poussières d’anti-mites, je tombe sur sa robe de mariée, roulée en boule et chiffonnée. Pire, je découvre qu’elle a été cannibalisée et qu’une partie des ornements ont été décousus, et les boutons de fermeture du dos enlevés, sans doute pour être utilisés autre part. Cela dit, c’est la robe de mariage de ma grand-mère, et mon sentimentalisme a décidé de la prendre pour la faire laver et repasser (professionnellement, je ne joue pas à l’apprentie-sorcière sur un tissus aussi vieux). La voici aujourd’hui.

Et la voici hier, il y a plus de soixante ans.

Je n’ai aucune idée de ce que je vais bien pouvoir faire de cette robe, je ne sais même pas si je vais la garder ou la donner à un oncle ou un cousin, mais j’ai empêché ma grand-mère de la jeter. J’aurais préféré qu’elle la garde et la fasse remettre en état elle-même, mais il semble que cette robe lui rappelle plus le décès de mon grand-père que le jour de son mariage. Quant à moi, elle m’évoque les années heureuses qu’elle a pu connaître dans sa jeunesse, et, en me rappelant que ma grand-mère fut jeune, m’aide à oublier les inévitables tourments de la vieillesse.

En résumé, mieux qu’Emmaüs, les brocantes de quartier et le salon de thé du coin, il y a le grenier de nos grand-mères. Si les meubles mettent trois génération à revenir à la mode, je me demande, dans l’immensité de sa maison, ce qui survivra aux prochaines trente années pour plaire à ma petite-fille, tandis que je dirai dédaigneusement: « ça ? Mais c’est une vieillerie tout moche de ma grand-mère ! Tu vas le repeindre ? ».


PS: je suis en train de repeindre l’armoire, résultat d’ici une à deux semaines si tout se passe bien !