Découvrir le marché de Noël de Strasbourg
La ville est tellement belle que les touristes en prennent plein les yeux; mais au bout de trente ans de visites annuelles, j’ai fini par me constituer un tour bien à moi, avec des étapes obligées et des traditions pas du tout traditionnelles que nous avons inventées. Par exemple, je rends toujours visite aux trois stands de boules et décorations de Noël situées place Broglie. Tous les ans, mon mari et moi achetons quatre boules de Noël; au bout de quelques années, notre sapin ressemble enfin à quelque chose, et j’ai le plaisir immense de déballer les fragiles ornements tous les ans, les récents et ceux que j’ai chipés à ma Maman et qui me rappellent mon enfance. Même si ma décoration peut paraître trop traditionnelle, en dépit de l’unité de couleurs très moderne (or, argent, nacre et blanc), je continue à préférer mes délicates boules en verre fin aux décorations en plastique. Il y a quelque chose dans la noble fragilité du verre que le plastique ne parviendra jamais à imiter, et mon plaisir à les accrocher est infiniment plus grand.
Cette année, j’étais particulièrement attirée par les ornements rouges, peut-être pour me changer du monochrome de ma décoration.
Achat obligatoire, le petit oiseau ! Tradition pas du tout sanctifiée par l’Histoire, nous avons pris l’habitude d’offrir à mon Papa un petit oiseau tous les Noël. Depuis plus de trente ans, il reçoit, de ses parents tout d’abord, et aujourd’hui de ses filles, un petit oiseau assorti à la décoration de l’année. Cette année, la maison familiale était en rouge, blanc et bois: va pour le minuscule oiseau rouge avec une queue à petits pois.
Et, parce qu’on ne se refait pas, j’ai beaucoup ri en voyant les oiseaux vert émeraude, couleurs de l’année selon Pantone. Je résiste encore et toujours à l’envahisseur qui prétend me dire de quelle couleur je dois célébrer les fêtes. Quoique j’adore le vert, et le vert émeraude particulièrement ; mais à Noël, pas question !
Même si nous adorons flâner dans le marché de la place Broglie et de la place de la Cathédrale, nous avons d’autres arrêts obligatoires, comme le marqueteur près de l’Opéra, Michel Wagner, et ses créations incroyables. J’aime beaucoup la marqueterie à la base, étant très sensible au toucher du bois; mais, depuis deux ans déjà, il expose des créations mêlant peinture et marqueterie, comme des grues japonaises dans la brume. Un jour, j’en aurai un ! En attendant, tous les ans, je vais rêver et bavarder avec cet artiste attachant.
Autre arrêt obligatoire, Fortwenger, place Broglie : demandez des demie-lunes, et prenez un gros paquet. Un plus gros que ça. Des pains d’épices moelleux et craquants à la fois… mmmmh….
Les santons provençaux, un peu perdus dans le froid, sont le dernier arrêt traditionnel de notre tour: tous les ans, mon mari (décidément très habitué à mes goûts et à mes traditions en pagaille) m’offre un santon Arterra: si j’adore les santons provençaux, j’ai plus de mal avec leurs couleurs criardes; mais Arterra réalise une collection dite « Blanche », avec uniquement des tons terre, beiges, bleus et blancs; je vous laisse juger du résultat.
Merci Aterra, je vais suivre votre collection pendant des années, augmentez-la ! A raison d’un par an, dans cinq ans, ma collection sera complète; or une collection complète est une triste chose.
Les artisans du Marché de Noël sont souvent très talentueux, et j’ai toujours beaucoup de plaisir à flâner dans les allées (surtout le 24 décembre, quand tout le monde est chez soi et que l’on peut circuler à peu près à l’aise). Cependant, seuls quelques uns m’évoquent particulièrement Noël, et ce sont ceux que j’ai le plus de plaisir à retrouver, années après années. Le marché a fermé ses portes hier, mais cet hommage me donne déjà envie d’être l’année prochaine, pour le prochain santon, la prochaine série de boules de Noël, la prochaine découverte des créations de Michel Wagner. C’est peut-être ça aussi Noël: la certitude de ne pas être déçu, année après année.