Le jour où j'ai rendu son Thermomix à ma Maman

Prenons une photo aujourd’hui. Anne-Hélène cuisine à peu près tous les repas, sauf une commande de sushis ou deux par mois; guère plus. Elle achète quelques surgelés tout prêts pour les soirs où elle dîne avec ses ami(e)s et où son chéri est seul avec les enfants; mais la plupart du temps, il y a une grillade dans le frigo et il sait faire des pâtes, après tout.

Elle fait des tartes aux groseilles divines, aime beaucoup les macarons, les mignardises et d’autres mignardises; mais ce qu’elle aime vraiment manger, ce sont les subtilités de la cuisine végétarienne; les tartes, les petites bouchées, le cheese-cake végé, et toutes les variations sans fin sur le modèle viande ou poisson mariné à la sauce soja / féculent / légume au wok qui constitue un repas de midi sur deux. Et le riz japonais, qu’elle fait elle-même en quantités industrielles.

Ca brasse assez large, comme toute cuisinière j’imagine ! Anne-Hélène met une petite demie-heure à préparer le repas du soir; elle teste une recette ou deux par semaine, mais rien qui nécessite des ingrédients excessivement bizarres.

Voilà comment je cuisine aujourd’hui: ultra-simple, le plus sain possible, et tout le temps, tout le temps, tout le temps, jusqu’à l’écoeurement j’avoue parfois. Mes quatre robots culinaires: un mixer plongeant, un mini-mixeur à herbes, une machine à yaourts et une machine à pain. J’ai une râpe métallique pour râper le fromage et les salades de carotte, et un fouet métallique pour les sabayons; je fais mes pâtes à tarte à la main, mes crèmes anglaises à la casserole; je presse mes jus d’agrumes avec un presse-agrumes en verre.

20140801_byebyethermomix1



Flashback dix ans en arrière.

Anne-Hélène habite dans un chouette petit appartement parisien, avec une cuisine microscopique. Elle achète des ingrédients exotiques à la Grande épicerie de Paris, et finit par les jeter après en avoir prélevé une cuillère à café pour une recette qui fut un échec complet. Elle sert des repas complets immangeables, mais dont les magazines font des éloges dithyrambiques.

Et elle possède plus de gadgets de cuisine que de paires de chaussures.

Y’a les trucs qui mixent, qui battent, qui chauffent, qui tranchent, qui coupent finement, qui émincent; les couteaux spéciaux qui font des formes; les casseroles dédiées à certaines cuissons; les couteaux à légumes, les couteaux à viande, les couteaux à poisson. Le plan de travail minuscule est réduit de moitié par un Thermomix, gentiment prêté par ma Maman.

Je préparais des repas compliqués pendant des heures, commençant souvent à cuisiner à quatre heures de l’après-midi pour un dîner à huit heure. Et ça, c’était seulement la Saint Valentin. J’expérimentais des associations démentielles, et honnêtement, pas terriblement goûteuses.

Neuf repas sur dix nécessitaient zéro cuisine, juste d’ouvrir un sachet de jambon et de réchauffer un plat cuisiné, parce que j’avais cuisiné la veille pendant quatre heures et que j’avais fait des makis bleus, et que non, l’orange ne va pas avec le poisson blanc non identifié et mal décongelé.

20140801_byebyethermomix2



Le temps a passé. Un jour, j’ai décidé de cuisiner. Puis j’ai eu des enfants, et j’ai décidé de cuisiner fun et sain. Puis j’ai fait un régime et j’ai appris à faire des menus, à gérer mes quantités et à anticiper les repas.

Tous mes gadgets de cuisine ont progressivement disparu; soit que j’ai renoncé à garder le bidule miracle qui ne sert que pour une unique recette, soit que j’ai appris à faire sans. Je n’ai jamais acquis le thermomètre électronique dont je rêvais, parce que je ne vois pas ce qui ne va pas avec mon thermomètre à mercure. Le magnifique Kitchen Aid dont je croyais que je rêvais, moi qui fait tant de pâtisserie, est resté sur les étagères du magasin, et je prépare tout à la main. Je me tâte pour revendre ma machine à pain qui ne sert que pour les pizzas.

Bref, ce fut la purge dans les tiroirs de cuisine.

Pourquoi ?

Je ne crois pas que la cuisine au quotidien nécessite des appareils particuliers. Pas la peine de dédier des casseroles à certains types de plat; quatre casseroles suffisent (trois pour être exacte, mais c’était un lot), une bonne cocotte en fonte Le Creuset, deux poêles, et voilà. Pas de machin spécial viande, pas de plancha à poisson (je les fais au four quand ils sont trop grands). Le tout de bonne qualité, générique et interchangeable. Et comme j’ai peur des cocottes minutes et que je n’aime pas faire les légumes dedans, je n’en ai pas. Aussi simple que ça. J’ai donné mon cuit-vapeur pénible à laver et encombrant comme tout pour le remplacer par une bête marguerite en inox qui va au lave-vaisselle.

Bien sûr, il y a les choses que je garde parce que je ne peux pas m’en empêcher: les moules à gâteaux par exemple. A ce jour, j’ai 16 minis, 5 moyens et 2 très gros moules à Kouglehof, ainsi qu’un agneau en terre cuite qui ne sert qu’à Pâques, pour le lämmele. J’ai clairement un gros problème avec les moules à pâtisserie. Je sens que nous allons dire au revoir aux moules en anti-adhésif et ne garder que le métal et la terre cuite; ça devrait enlever bien trois moules redondants !

En clair, je vais attendre encore un long moment ma canonisation; mais j’ai rendu son Thermomix à ma Maman, le plus bel appareil de cuisine que j’ai jamais eu sur mes comptoirs. Je n’en ai plus besoin.

20140801_byebyethermomix3


Comment conclure cet article ? J’espère ne pas passer pour une donneuse de leçon ni une prétentieuse. Je souhaitais seulement donner un aperçu d’une évolution qui a structuré ma manière de vivre: passer d’une cuisine hyper-technique, presque technologique, à quelque chose de plus simple, plus rapide, mais qui se répète tous les jours, en d’infinies variations. Je crois que j’ai appris à cuisiner, tout simplement !


Avez-vous des gadgets de cuisine dont vous ne pourriez pas vous passer ? D’autres qui vous encombrent ? Dites-nous tout !

blog comments powered by Disqus